Les marchés boursiers ont amorcé le deuxième trimestre lentement. Les inquiétudes suscitées par la persistance de l’inflation et les valorisations élevées ont rendu les investisseurs nerveux à l’égard de nouveaux gains. Toutefois, des analystes du Web ont de nouveau éclipsé ces inquiétudes. Nous avons assisté à un retour à la prise de risque, comme cela avait été le cas en 2021 avec des titres comme celui de Gamestop, qui se sont envolés grâce aux publications de l’analyste financier et investisseur américain « Roaring Kitty ». Les prévisions de bénéfices des sociétés ressemblaient davantage à des publireportages sur le potentiel de l’intelligence artificielle (IA). La mentalité de troupeau s’est à nouveau manifestée sous l’effet du momentum et de l’avidité.

Au Canada, l’indice S&P/TSX a légèrement reculé au cours du trimestre. En l’absence d’une exposition importante au thème de l’IA, les investisseurs ont eu peu de raisons de se réjouir. La croissance économique semble timide et la productivité est préoccupante. Une baisse de taux attendue depuis longtemps a encouragé les marchés, mais elle a rapidement été suivie d’un rapport d’inflation obstinément élevée, qui a jeté le doute sur d’autres baisses de taux. Les titres de l’immobilier et du cannabis ont particulièrement nui à l’indice canadien, tout comme la faiblesse persistante des titres des télécommunications. BCE, Rogers et Telus font face à une concurrence accrue depuis l’entrée de Vidéotron sur la scène nationale avec son acquisition de Freedom Mobile. La guerre actuelle des prix se révélera probablement temporaire, de sorte que les valorisations actuelles semblent intéressantes à long terme.

Au sud de la frontière, les actions ont poursuivi leur ascension, progressant de 4 % en raison d’une concentration toujours plus forte. Seulement sept titres technologiques ont contribué à hauteur de 98 % au rendement de l’indice S&P 500 au deuxième trimestre, les investisseurs ayant investi massivement dans des titres à mégacapitalisation comme Nvidia. En fait, si on ne tient pas compte de la capitalisation boursière et que l’on calcule les rendements selon une « pondération égale », l’indice a en fait reculé de 1,6 % au cours du trimestre. L’augmentation de la concentration de ces titres dont les valorisations sont élevées crée un cocktail dangereux pour l’indice américain. Cela dit, tant que les acheteurs recherchent de l’argent rapide, cette situation peut perdurer à court terme (ce qui accroît le risque de baisse potentiel).

À l’étranger, les actions internationales ont fait du surplace. Novo-Nordisk a fait grimper les soins de santé, car la demande pour son traitement de perte de poids, Wegovy, a continué de surpasser toutes les attentes. Les actions des secteurs de l’immobilier et de la consommation discrétionnaire ont déçu, ce qui indique que l’économie dans son ensemble pourrait ne pas être aussi solide que certains l’auraient espéré.

Dans la seconde moitié de l’année, l’incertitude et le potentiel de volatilité sont élevés. Les valorisations et la concentration du marché aux États-Unis pourraient entraîner un important repli si le momentum stagne et change de direction. L’inflation persistante et les taux plus élevés pendant plus longtemps semblent de plus en plus possibles. Et bien sûr, la situation politique est plus instable qu’elle ne l’a été de mémoire récente. Au Canada, le premier ministre Trudeau fait face à des appels à la démission à la suite d’une élection partielle à Toronto. En Europe, le parti populiste de Marine Le Pen est redevenu une menace pour le gouvernement centriste du président Macron. Le Royaume-Uni connaît une évolution majeure en faveur du parti travailliste. Aux États-Unis, le premier débat présidentiel a été un fiasco, c’est le moins qu’on puisse dire.

Compte tenu de toutes ces incertitudes, il est plus important que jamais de garder les pieds sur terre et de rester discipliné. Soyez assuré que notre équipe surveille continuellement votre portefeuille afin de repérer les risques à court et à long terme. Dans ces moments-là, il se peut que nous soyons en décalage par rapport au troupeau, ce qui nous convient parfaitement. Trop souvent, les investisseurs se précipitent collectivement vers un précipice et ne réalisent leur erreur qu’une fois qu’il est trop tard.