Le vœu célèbre « Puissiez-vous vivre à une époque intéressante » permet certainement de percevoir les défis d’un œil optimiste. L’année écoulée vient justement illustrer cette idée, car elle a suscité des préoccupations pour plusieurs, que ce soit à l’égard du nationalisme économique et social ou de la xénophobie. Ces idées, qui devraient être reléguées au domaine du passé ont refait surface, notamment en raison de la disparité croissante des revenus et, pour certains, de l’absence d’occasions sur les marchés développés.
Au cours de l’année dernière, les marchés boursiers mondiaux ont incontestablement adopté un point de vue positif devant une poussée de populisme venue bouleverser certains événements au programme. La reprise du quatrième trimestre a porté à des niveaux record les principaux indices boursiers américains, stimulés par l’optimisme envers l’administration républicaine. Le marché canadien s’en est tiré exceptionnellement bien, se remettant d’une année 2015 plutôt décevante.
Bien que quelques-unes des idées adoptées par la nouvelle administration américaine soient plutôt déconcertantes du point de vue social, certains plans économiques peuvent stimuler la croissance dans une conjoncture de ralentissement mondial. Notamment, l’idée d’une relance budgétaire au moyen d’une baisse des impôts et d’une augmentation des dépenses a incité un grand nombre d’investisseurs à croire que la croissance modérée actuelle pourrait s’accélérer.
Les dépenses dans des domaines tels que l’infrastructure auraient un effet positif à court terme tout en répondant à des besoins à long terme. La dégradation des infrastructures dans les économies développées pourrait avoir sur les générations futures un impact négatif beaucoup plus considérable que le coût de la dette utilisée pour les réparer aujourd’hui. Tout à son honneur, le gouvernement canadien avait déjà reconnu que les mesures de relance budgétaire (quand elles sont mises en œuvre de façon responsable) sont un autre outil nécessaire qui devrait s’ajouter aux initiatives déjà en place.
L’idée d’une réglementation moins onéreuse dans les services financiers, les soins de santé et les industries à forte intensité de carbone est un autre thème controversé qui a permis de relever la valeur de l’actif. Compte tenu du manque de dépenses industrielles constaté au cours des dernières années, on estime qu’une réduction de la bureaucratie pourrait inverser cette tendance. La révocation de l’Obamacare sera une entreprise compliquée étant donné que le programme a procuré une couverture à des millions d’Américains et que tout changement en ce sens viendra perturber l’industrie des soins de santé dans son ensemble. En ce qui concerne les réglementations environnementales, une grande partie des progrès réalisés aux États-Unis pourraient être compromis. Cela dit, l’émergence du gaz naturel comme solution de rechange économique au charbon continuera d’être un facteur majeur dans la réduction des émissions de carbone.
Sur le plan du commerce, cette année, la sortie éventuelle du Royaume-Uni de l’UE, les propos de guerres commerciales avec la Chine, la précarité du PTP et, plus près de nous, l’approbation, obtenue de justesse, de l’accord entre le Canada et l’UE (l’AECG) sont venus ébranler le concept de mondialisation. Sans aucun doute, au cours des 30 dernières années, la mondialisation a élevé le niveau de vie de milliards d’êtres humains à travers le monde. Malheureusement, la situation dans certains pays développés a plafonné ou s’est même dégradée à mesure que les économies progressaient vers des industries et des services plus avancés. La montée du populisme peut être liée à ce phénomène pour lequel il n’y a pas de panacée à effet rapide. Seuls le recyclage professionnel et l’instruction peuvent offrir une solution véritable, mais cela prendra du temps. Plus récemment, de nombreux économistes ont noté une importante pénurie de compétences aux États-Unis, problème que Bill Gates souligne depuis années.
Au Canada, les conditions économiques étaient modérées, mais dénotaient une amélioration. L’optimisme concernant la reprise de la croissance économique et les mesures de relance ont fait grimper les prix des matières premières. Un accord avec l’OPEP a stabilisé les marchés de l’énergie, ce qui a profité aux producteurs de pétrole canadiens. La hausse des taux et la modeste reprise économique se sont traduites par un très bon rendement de la part des banques. Ces événements ont fait du S&P/TSX, l’indice le plus performant au sein des marchés développés.
Sur le plan mondial, les marchés américains ont eux aussi fait preuve d’optimisme compte tenu des gains continus de l’emploi et de la croissance accélérée des salaires associés à des mesures de relance. L’Europe a donné des signes positifs sur le plan de l’emploi et des dépenses des entreprises, le Royaume-Uni a tenu bon et la croissance de la Chine semble se stabiliser. Bien sûr, tout cela doit être relativisé en fonction de préoccupations quant à un protectionnisme commercial accru et de l’incertitude économique persistante dans de nombreuses régions du monde. En outre, des élections générales en Allemagne, en France et aux Pays-Bas en 2017 pourraient prolonger la tendance à élire des dirigeants plus populistes.
Les marchés obligataires ont eux aussi connu un changement important en réaction aux politiques de relance et à mesure que s’élevaient les taux d’intérêt. La normalisation des taux d’intérêt est encourageante, car la possibilité qu’une politique budgétaire vienne remplacer la politique monétaire se concrétise de plus en plus. La perspective de « taux négatifs » inquiète les épargnants et peut entraîner de nombreuses conséquences imprévues pour l’ensemble des économies. Malgré la hausse des taux, les rendements obligataires restent généralement inférieurs aux rendements que les investisseurs peuvent obtenir des actions.
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Personne ne peut prévoir avec certitude l’orientation du marché à très court terme. La nuit de la victoire de Donald Trump l’or a grimpé de 5 % pour ensuite perdre 14 %. Ce qui est certain, c’est que de bonnes entreprises gérées par des chefs dynamiques, dotées de modèles d’affaires durables et qui procurent des dividendes finissent par l’emporter, quels que soient l’environnement ou le cycle.
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Janvier 2017